Salar d’Uyuni, perdus entre ciel et terre

Ce matin nous avons rendez-vous à 10h devant l’agence Salty Désert où notre chauffeur nous attend pour une journée entière d’excursion sur le désert de sel d’Uyuni.

Une famille française partagera notre véhicule tout au long de la journée : Nadège la maman et ses deux filles : Eva (16 ans) et Héloïse (10 ans).

Les présentations faites, nous voilà partis à bord de notre Toyota Land cruiser. Au volant, notre chauffeur bolivien Max, a 25 ans et paraît très prudent, à tel point que tout le monde nous double sur la route. Au vu de toutes les mauvaises anecdotes dont nous avons entendu parler, c’est plus réconfortant (beaucoup d’accidents sur le salar, certains sont mortels car les chauffeurs picolent un peu trop sur la route…).

Notre première halte se fera rapidement, au bout de 20 minutes de piste, à une dizaine de kilomètres d’Uyuni seulement au légendaire cimetière de trains. A peine arrivés, nous percevons un décor apocalyptique, au loin des dizaines de carcasses de trains rouillés sont plantées là, en plein désert, comme si elles étaient tombées du ciel. On a l’impression d’être dans un remake du film Mad Max, c’est vraiment sympa et l’on restera là un bon moment avec les enfants à grimper sur les machines à vapeur et s’imaginer des scénarios genre ¨far west¨ à la conquête de l’ouest américain.

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Pour la petite histoire, ces trains à vapeur sont en fait les vestiges d’une époque où les boliviens les utilisaient pour transporter des minerais de plomb, de zinc, d’argent et d’étain depuis la Bolivie vers le Chili ou l’Argentine. Au bout de 30 ans de loyaux services, ils sont petit à petit tombés en désuétude, la main-d’œuvre et le coût des pièces trop onéreuses auront eu raison de leur survie. Les voilà aujourd’hui qui gisent dans ce no man’s land, uniques témoins d’un passé révolu.

Nous sommes chanceux aujourd’hui, car bien que ce soit l’été, c’est aussi la saison des pluies. Aujourd’hui, le ciel est dégagé et le soleil baigne dans un joli bleu. Cette journée promet d’être formidable.

Il est 11h45 lorsque Max nous dépose dans un petit village où un marché artisanal bolivien nous attend. Il nous explique qu’ici 80% des gens travaillent à l’extraction du sel et les 20% restants à la confection d’objets en sel ou de vêtements en tout genre en laine de vigogne (sorte de lama). Jade y trouvera une petite sacoche pour son appareil photo, en espérant qu’elle ne la perde pas cette fois ci, Jules un carnet pour écrire ses notes et Aurélie un stylo bien kitch, qui n’écrira… jamais.

12H30, ça y est ! Le moment tant attendu vient d’arriver, les roues du 4×4 foulent enfin le désert de sel d’Uyuni qui s’étend devant nous à perte de vue (il faut savoir que ce salar a une superficie de plus de 10.000km2). Chose importante à préciser, le désert à cette époque de l’année est inondé par environ 10-15 cm d’eau. Pas de chance me direz-vous, car nous ne verrons pas la blancheur du sel s’étendre sur ces milliers de kilomètres carrés. C’est vrai, mais d’un autre coté nous sommes aussi chanceux car le désert d’Uyuni sous l’eau c’est un moment rare dans l’année et il paraît qu’il offre un effet miroir des plus spectaculaire. Le ciel entier vient en quelque sorte se refléter sur la surface de l’eau complètement plate, produisant ainsi une symétrie bluffante selon les dires.

Devant nous, tout est plat dans une uniformité d’un blanc immaculé. Rien ne vit ici, rien ne bouge, seuls les 4×4 à l’horizon paraissent se trainer doucement comme de gros scarabées sur cette immensité. Au bout de quelques minutes, nous commençons à perdre nos repères visuels, les distances ne veulent plus rien dire, notre œil et notre cerveau ne sont plus capables d’établir une quelconque mesure horizontale ou vertical.

Soudain devant nos yeux, un phénomène étrange se produit, l’horizon disparaît, le ciel et le sol se confondent ! Au loin, les voitures paraissent flotter dans les airs, nous sommes en train d’assister à un spectacle unique qui ne se produit qu’à cet endroit de la planète ! Max conduit lentement le 4×4 sur le lac de sel afin d’éviter les éclaboussures de sel qui corrodent terriblement les véhicules. Nous en profitons pour nous assoir sur le rebord de la fenêtre et prendre quelques photos de ce phénomène étrange. A ce moment-là, les sourires sur nos visages parlent tout seuls, nous sommes en train de savourer notre chance d’être ici, dans ce lointain pays où il faut pratiquement 2 jours pour s’y rendre depuis l’Europe.

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Il est 13h lorsque nous apercevons au loin comme un île qui se dédouble sur la surface de l’eau formant ainsi une figure géométrique surprenante. C’est le fameux hôtel de sel où nous allons faire une pause déjeuner.

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Pendant que Max installe notre repas, nous en profitons avec Jules pour faire décoller le drone. Je me rends compte tout à coup que filmer un tel décor risque d’être un peu ennuyeux, puisque rien ne bouge et que tout est plat mais on décide quand même de tenter notre chance, on verra bien…

La séquence vidéo terminée, nous décidons de rejoindre les filles sur le monument érigé un peu plus loin, en brique de sel à la gloire du Paris-Dakar passé par là en 2014 il me semble.

Ce sera d’ailleurs la première et dernière fois que la course passera sur le salar d’Uyuni car le sel ayant été plus fort que la mécanique, de nombreuses voitures ont dû se résigner à l’abandon, amoindrissant ainsi le spectacle de la légendaire course.

Nous déjeunerons donc dans cet étrange établissement où tout est fait de sel, des murs jusqu’aux tables et chaises, pour poursuivre ensuite notre chemin un peu plus loin dans le désert afin de ressentir l’immensité du spectacle.

Au fur et à mesure que nous avançons, nous avons comme l’impression de nous faire happer par l’horizon. C’est difficilement descriptible comme sensation. On est en peu comme en pleine mer où le manque de repères visuels nous prive de perspective et nous laisse seul, perdu au milieu de l’immensité. Mais ici, s’ajoute en plus le fameux effet miroir ¨ciel-terre¨ qui fait que le sol devient ciel où l’inverse, on ne sait plus. On a du mal en quelque sorte à croire ce que nos yeux nous disent, seule la gravité ne triche pas et tente de nous ramener à la réalité. Non, nous ne volons pas, et pourtant ça en a sacrément l’air !

Je sais, je sais, vous vous dites que j’embellis encore une fois la réalité avec des mots. Bon, et bien regardez plutôt et on en reparle…

Au loin les montagnes paraissent posées sur l’horizon, elles dessinent avec leur reflet des figures géométriques surprenantes dans un monde qui paraît presque irréel. Voilà qu’après nous avoir révélé sa palette artistique, dame Nature se joue de nous tel un grand prestidigitateur, elle trompe nos sens pour mieux nous émerveiller. Nous marchons sur un miroir géant qui reflète l’infini. Je souhaite à tout le monde de voir ce fabuleux spectacle une fois dans sa vie.

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Au bout de quelques heures à jouer avec nos appareils photos sur l’effet de profondeur de champ, Max nous propose de nous rapprocher vers la sortie afin d’y admirer le soleil couchant mais aussi et surtout pour ne pas se perdre. Eh oui, vous imaginez bien que dans un environnement pareil et dans le noir complet, c’est une vraie prouesse pour se repérer.

Le soleil nous tire sa révérence en s’évanouissant doucement derrière le fil de l’horizon. On se dit alors que c’est un cadeau du ciel de pouvoir admirer un tel ¨Sunset¨ puisque l’effet coloré du ciel se dédouble avec son reflet et là encore, le moment est magique. Je vous laisse admirer les photos, ça se passe vraiment de commentaire.

La nuit presque tombée, le 4×4 redémarre et cette fois ci nous ne distinguons plus du tout le sel sous les roues de l’engin, ce qui a pour effet de transformer la voiture en bateau. Drôle de sensation… Tout autour, les 4×4 forment un ballet qui converge doucement vers un point invisible au loin, la sortie sur la terre ferme. Notre 4×4 s’enfonce un peu plus, il fait nuit nous sommes tous en file indienne et le véhicule devant nous s’immerge jusqu’aux feux (le salar n’étant pas plat, certains endroits sont beaucoup plus profonds que d’autre, d’où la difficulté pour y circuler de nuit). Les filles commencent à s’inquiéter, elles ne sont pas très rassurées, contrairement à moi qui en redemanderais bien un petit tour en plus 😉

Je crois que l’idée de faire un safari dans le désert en 4×4 est en train de faire son chemin dans ma petite tête. Affaire à suivre…;-)

Nous arriverons dans la ville d’Uyuni épuisés par cette journée forte en sensation mais aussi par ce climat extrême où il fait très chaud la journée, le soleil vous brûle littéralement la peau et avec le sel et le vent nos lèvres sont complètement sèches et nous sommes vite déshydratés. Ajoutez à cela que l’on s’essouffle très rapidement au moindre effort, nous sommes quand même à 3 800 mètres et le manque d’oxygène se fait ressentir.

Mais quelle journée ! Une chose certaine, elle restera gravée longtemps dans nos esprits comme une des plus belles de notre tour du monde.

 

26 réflexions sur “Salar d’Uyuni, perdus entre ciel et terre

  1. berthier dit :

    sacrées photos de ciels et reflets qui vont m’aider à reprendre les pinceaux..y’a qu’çà qui m’intéresse, ciel, nuages, reflets !! merci et bonne continuation. De gros bisous à tous les 4
    tatan gisele

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      • charlotte et Bertrand dit :

        Oui, ça va bien ! on vient de revoir des copains qui rentre d’un tour du monde raccourci par rapport au votre (4 mois) mais qui ont suivi plus ou moins le même parcours que vous. On leur a montré quelques uns de vos posts, ça leur a déjà donné de la nostalgie (ils sont rentrés depuis 3 semaine). Bisous !

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      • promeo4 dit :

        Oglala! Le retour va être difficile! Non je pense qu’on sera quand même contente de retrouver notre petit confort. Même si évidemment ne plus se demander chaque jour où nous allons? Ça va être dur!! Bisous

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  2. Cécile dit :

    Encore des jolies photos et de belles aventures ! j’espere que vous avez un peu pensé à nous dans ce desert du même nom que le notre 😉
    Bises
    Cécile

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    • promeo4 dit :

      Eh oui ! Figure toi que j’y ai pensé plusieurs fois ! 😁 Ça serait intéressant de faire des recherches sur votre nom Salar. D’où vient il ?
      Grosses bises à vous 4!
      Pierre & co

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  3. nadrv dit :

    Coucou Pierre, Aurélie, Jules et Jade !!! Je viens de découvrir votre blog et je suis trop contente de vous avoir retrouvé ! Cette journée partagée au salar est aussi pour nous une des plus belles de notre voyage. Nous sommes rentrées fin juin 2018. La page Facebook de notre voyage est « Nomad 4 you ». On vous embrasse. Nadege, Eva et Eloise

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